samedi 24 octobre 2009

Experience PGCE

Message d'Isabelle, ancienne du Pgce

Ce message me fait rire et me rappelle les mêmes mauvais souvenirs ! J'ai vécu la même chose que toi mais je suis restée jusqu'au bout sauf... que je suis rentrée chez moi à la fin de l'année ! :-)
Aujourd'hui, quand je repense à tout ce que j'ai dû faire pour que mon cours soit "bon", je n'en crois pas mes yeux !
J'ai pas mal parlé de tout cela dans mon mémoire de M2 FLE avec l'université du Maine (Le Mans)(Voir porte-fle.com, travaux PGCE)si ça intéresse quelqu'un...)

Je voulais ajouter que je m'étais également sentie très peu soutenue et écoutée durant cette année de PGCE (promo 2008-2009) sauf par mes amis et mon univ française.
Cela crée une telle frustration en nous, à force de subir et de nous taire, que lorsque l'on sort de là, on a envie de détruire tout leur système.
J'ai dû prendre du recul pour écrire mon mémoire de M2 afin de prendre le bon et le mauvais de cette méthode. Ça n'a vraiment, vraiment pas été facile. Aujourd'hui, j'en garde encore beaucoup de rancœur ! C'est vrai qu'avoir fait partie de cette mascarade est un peu comme avoir été victime d'un "gourou", d'avoir été enrôlé dans une secte.

ISABELLE

PGCE LONDRES

Témoignage d'un pgce trainee teacher university of cumbria

Voici le détail de mon expérience amère à l'University of Cumbria.
Je vais essayer ici de remettre en ordre cette déception sans nom vécue là-bas, qui est une de plus belles arnaques du FLE qui soit:

1- Stage à Lancaster - 3 semaines à l'University of Cumbria

Sur les photos de Noémie, on voit certains jeux débiles demandés durant le stage...chaque année c'est la même chose de toute façon.

-L'accueil-
Ce fameux stage de départ fait pour créer "une ambiance collégiale", s'avère être un incroyable endoctrinement, une expérience très infantilisante (espionnage, jeux débiles, intimidation) et une autre pompe à fric !
Bien qu'obligatoire, le stage n'a pas lieu à Londres où nous sommes censés vivre mais à Lancaster, ville charmante certes mais où l'université nous propose de payer le logement étudiant (autour de 500 pounds les 3 semaines) (550 euros !!).
Pire encore, dès notre arrivée (deuxième jour), des secrétaires engraissées nous font comprendre que la formation est payante ( 4000 euros ), et qu'il faut signer dans les 3 jours les reconnaissances de dettes ou faire la demande de prêt à l'Etat anglais. "Money Money Money". Le ton était étrangement menaçant, et en contraste avec les phrases mielleuses et le ton angélique des formateurs à notre recrutement en France et à notre arrivée à Lancaster. Sans doute l'expérience de voir chaque année un bon tiers des élèves abandonner sans avoir craché l'argent !
Le racket est à ce point organisé qu'ils vous "aident" à ouvrir un compte en banque sur le champ, en le faisant passer pour une aide à votre installation !
Pour ma part, c'est comme ça que j'ai appris que je n'étais pas "payé" à proprement parlé, mais bien "indemnisé" pendant une année, durant laquelle j'allais REMBOURSER chaque mois l'université qui daignaient me faire la formation. Les sous que je recevais en plus et qui me permettaient de vivre étaient en fait un prêt que je rembourserais une fois en poste les années suivantes (l'année NQT) (j'apprenais par la même que je devais m'engager deux ans et non pas une seule année !).

-L'enseignement-
Le contenu des cours pendant le stage (et à Londres aussi) est vraiment atterrant.
Leurs théories de l'enseignement est archi-communicative, basées sur des mimes permanents (chaque syllabe du cours doit être mimée!), sur des répétitions militaires abrutissantes (toute la classe crie et répète en gros ce qu'a dit le prof), et de jeux obligatoires (jamais de pause et de moment de réflexion, on joue constamment sans s'arrêter sur ce qu'on a produit). L'écrit n'existe pas.
La théorie de l'enseignement exposée et imposée à University of Cumbria ou Saint Martins College à Londres constitue le principal point de divorce me concernant et le point où je serais le plus modéré vis-à-vis, de Colin Kristie et Marianne Carty , les deux principaux formateurs complètement zélés et surtout à côté de la plaque (ont-ils jamais enseigné ?) qui ont au moins le mérite d'être des gens convaincus à défaut d'être convaincants. Ils appuient leurs théories sur des auteurs anglais, pédagogues perchés entêtés à pousser leurs théories au plus extrême en reniant tout ce qui s'est fait dans le passé pour l'enseignement des langues. On en retrouve des échos dans les IUFM (je sais c'est pas une référence)... mais a priori tout ce qu'il y a de plus sérieux.
Pourtant, pour moi c'est assez vite que le divorce intellectuel s'est produit avec la méthode que nous devions pratiquer ici. Comme pour beaucoup de choses, les extrêmistes m'ont toujours paru dangereux, encore plus peut-être quand il y a des enfants au milieu et quand on parle d'éducation.
Les trois semaines de stage sont faites pour démonter nos "a priori" sur l'enseignement et surtout imposer leurs vision de l'enseignement des langues.
L'idée générale exposée ici est presque alléchante: Que les élèves apprennent en s'amusant, qu'ils passent un bon moment en classe au lieu de passer un moment frustrant et souvent oppressant (rappelons-nous nos chers cours d'anglais).
Le problème pour le public cible c'est le manque d'ambition de cette méthode. Sous prétexte que les élèves anglais ne sont pas intéressés par les langues, les jeux doivent être vides de contenu, et il est explicitement interdit de parler de la culture, du pays, ou même du voyage car nous assènent-ils: "ça ne les intéresse pas". En plus de tout cela, et comme toute théorie dite avant-gardiste, il existe l'interdiction totale et absolue de parler de la grammaire même sous forme de jeu !! Les élèves doivent fonctionner intuitivement, alors qu'ils n'ont que 2 heures de cours par semaine. Si on n'évoque jamais la construction d'une phrase, ni comment se compose la langue, quel type de communication va t-on instaurer ? La réponse est dans les jeux mécaniques, les répétitions mécaniques, l'infantilisation la plus ras-les-paquerettes, et donc un manque cruel d'ambition pour des élèves pour lesquels on nous demande de partir perdant (comprendre: ils s'en foutent des langues, ils n'apprendront rien et ça ne leur servira à rien car ils parlent anglais....!!

Pour la démonstration de leur méthodologie, Marianne Carty, une des formatrices, n'a pas peur des grosses ficelles. Nous avons eu le droit à l'enseignement du Urdu par de la "brain gym", une exposition caricaturale et théâtralisée (un cours magistral où le prof a mimé des cours avec les méthodes à ne pas employer (un vrai endoctrinement je vous disais) ) avec l'exposition des méthodes enseignées en France, il y a 10 ans, il y a 30 ans et même... à l'époque romaine (!!!) Tout est fait pour casser notre vision "trop grammairienne" des langues, et nous faire rejeter tout point théorique dans notre enseignement, toute mise en contexte, toute découverte culturelle par rapport à la langue, toute prétention par rapport à l'authenticité de la langue, toute envie de recul et d'analyse par rapport à la construction de la langue (même si c'est 30 secondes).
Plaisante au début (car on nous la présente comme une méthode révolutionnaire et géniale), la méthode présentée dans les cours de Urdu et autres lasse... Après 2-3 cours, on ne s'amuse plus, on répète sans réfléchir (de toute façon on a toujours juste), on lit les réponses sur les murs, et surtout on ne se souvient de rien !! Assez représentatif de l'ensemble du stage, on ressort de ce cours et des 3 semaines, passablement énervés des absurdités qu'on essaye de nous faire avaler. Pour ma part, j'ai été choqué très tôt d'être associé par le simple fait d'être Français à un réactionnaire des langues étrangères, moi qui défendais la méthode communicative et des formes différentes d'apprendre les langues que par la sainte grammaire que je n'appréciais pas plus que ça. L'autre extrême, présentée dans cette université, celle du jeu, des répétitions, du mime et du zoo en classe m'ont fait revenir à des choses plus classiques sans être caricatural.

PS: l'autre point faible de cette méthode c'est la motivation du prof !! En effet, auparavant je m'étais toujours concentré sur la motivation de l'élève mais en exerçant je me suis rappelé qu'il fallait aussi être motivé pour être efficace et je me suis posé cette simple question:
"Si j'enseigne le français pour faire le clown, l'animateur, ou le prof de bruitage sans aucun sens, pour faire passer l'heure en ayant le moins de défi intellectuel avec mes élèves, sans aucun but, sans même avoir l'espoir de donner envie de voyager à mes élèves ... ou leur faire découvrir quelque chose de mon pays ... à quoi bon ?? What's the point?"
Cette question m'a été fatal et m'a sauvé à la fois. Fatal car j'ai abandonné et c'est dur de laisser ce qu'on a entrepris, et ce pour quoi on a investi tellement (argent et investissement personnel). Sauvé car c'était ça ou l'arrêt total de l'enseignement... fuir cette méthodologie "ras les pâquerettes" comme j'aime l'appeler pour rappeler le manque d'objectif, le manque d'ambition et le peu d'intérêt aux enfants qu'elle manifeste, a été un véritable salut pour moi.

-Les visites d'écoles-
Ce ne sont pas les visites dans des écoles dites "gourous" à Lancaster ou bien d'autres banlieues de Londres qui nous ont rassurés.
Ces visites dans les écoles "gourous", m'ont d'abord fait penser à une secte, par le nom mais aussi et surtout par les attitudes adoptées:
l'attidue du prof en démonstration (teubé à souhait et animateur zélé) et aussi l'attitude des élèves (surexcités, qui criaient pour faire croire qu'ils jouaient dans une cacophonie assez éloignée du français et assez proche du zoo ou de l'hôpital psychiatrique) ... Entendez par là, que je trouvais que les gens ne reflechissaient pas, et répétaient bêtement des réponses évidentes par reflexe, sans même comprendre le contexte, ni ce qu'ils disaient.
Plus flippant encore, la visite d'une école gourou où la prof pour punir son élève qui avait parlé anglais la fait mettre à genoux et repéter sous l'ordre des élèves ("plus fort !", "plus bas" (?), "plus vite", "moins vite"!), "excusez-moi je ne dois pas parler français en classe" ... comme si le jeux (de la punition) et la forme adoptée étaient toujours justifiables...
J'ai trouvé pour ma part la scène horrible, traumatisante et complètement surréaliste ! Nous en sommes ressortis choqués et nos formateurs (absents ce jour-là) étaient bien embêtés poru répondre aux questions sur leur méthode qui en ont découlé.

-Débats sur la méthodologie à l'University of Cumbria
Les questions légitimes que nous avions par rapport à leur méthode étaient balayées à coups d'endoctrinement farouche et d'argumentation à la sauvette qui se terminait seulement par "nous, on connaît le public anglais, pas vous". L'endoctrinement dans ce stage s'est avéré très vite être l'objectif principal de Colin Kristie et Marianne Carty et des autres gens qui nous encadraient. En gros, la première semaine les formateurs acceptent un semblant de débat, observent les questions spontanées voire révoltées qui ressortent face aux absurdités évoquées. Puis... de faux débat en faux débat, les gens commencent à se taire, acceptent les fins de débat abruptes décidées par les formateurs ("no no we don't do that", "it's not very compelling and not relevant")...résignés par tant de zèle et tant de médiocrité, le silence devient une arme à double tranchant: on se fout de ce qu'ils disent, mais on sent la menace de devoir appliquer cette méthodologie en classe devant des élèves.

-Espionnage-
Pire encore que le manque de débat et le manque de considération pour des adultes ayant pour la plupart déjà enseigné dans le FLE, je me suis aperçu que depuis le début de la formation, Marianne Carty et Colin Kristie procèdaient à une sorte d'espionnage pour contrôler la révolte des étudiants et d'éventuels abandons en cascade comme il y en a chaque année. En fait, il y a toujours un prof qui expose son cours ou sa méthode, et un autre derrière, au fond de la clasee qui note sur un cahier très élaboré, des observations sur chaque élève (sur chacun de nous... adultes!). Par exemple, si on prend la parole, si on fait la gueule, ou si on exprime des idées pernicieuses ... type questions qui dérangent, ou petite phrase pour exprimer son agacement ! La stasi je vous disais !
Une fois, j'avais exprimé mon agacement en soupirant ou en me prenant la tête dans mes mains (rien de bien méchant après 7h de cours par jour) ... Le cours d'après, j'avais eu le droit à un interrogatoire en bonne et dûe forme !! Plus tard dans la formation, un peu avant mon abandon, suite à un retard, j'avais eu le droit à la même chose ...je m'étais senti enfant, avec limite une peur au ventre (sûrement les 4000 euros au dessus de ma tête auxquels on pense assez vite quand le traquenard se fait plus évident). En clair, au moindre signe de fatigue, les profs viennent vous voir et vous remettent dans le droit chemin ... te faisant comprendre qu'il fallait tout accepter ou prendre le risque de ne pas se faire valider son diplôme en fin d'année.
Une collègue, Laeticia dans notre promo, n'a pas été validée à la fin de l'année car elle avait ouvert sa gueule trop souvent par rapport à cette méthode d'intégristes tout au long de l'année! J'aimerais qu'elle mette son témoignage sur ce blog, car elle elle a tenu toute l'année pour ne pas se faire valider par ces cons. Hallucinant/

2- Arrivée à Londres - first placement
J'irai plus vite sur le reste car je l'ai à peine vécu. Comme la formation est à Lancaster, on arrive à Londres sans logement. 3 jours après on est placés dans une école pour un trimestre.
Souvent très loin, les écoles sont très différentes entre elles... mais ce sont des STATE SCHOOLS donc c'est rarement un public facile.
Dans l'école il y a un tuteur qui vérifie que vous faites bien ce que les formateurs demandent, et que vous appliquiez la méthodologie Saint Martins ou la methodology University of Cumbria à la lettre.
Le flicage continue ...
La relation avec les tuteurs dans les écoles est primordiale. Je suis tombé sur une conne et j'ai redoublé de malchance. Cependant si on s'entend bien avec son tuteur je peux imaginer qu'on peut être sauvé car les cours avec les formateurs zélés ont lieu bien moins souvent. Il suffit alors de faire le clown lors des contrôles ... et de faire les cours comme bon nous semble quand ils ne sont pas là. Le problème c'est que le tuteur dans les écoles est souvent de mèche avec ceux de Saint Martins et il faut suivre à la lettre la méthodologie imposée.
J'avais une classe de Year 8, et petit à petit j'avais de plus en plus de cours à donner. Ils me demandaient de faire des jeux du type: faire une chanson pour se présenter, faire une chanson pour parler des verbes, faire des jeux debouts (avec 25 des élèves de 12 ans) où ils pouvaient s'agiter. Bien entendu la discipline prend alors une place considérable ... c'est la fuite en avant.

Que dire d'autre...
Livrés à soi-même il faut être fort, et assez peu revendicatifs pour supporter tout ça...

Je suis donc parti, comme plusieurs autres, persuadés qu'on avait été victime d'une VRAIE ARNAQUE ... qui malheureusement à l'aval de l'université Lyon 2 et d'autres en France... trop avides de multiplier les échanges avec les universités étrangères pour leur réputation sans même vérifier si le PGCE proposé est réputé dans le pays.
La réponse est NON bien sûr. D'ailleurs aucun Anglais ne vient payer aussi cher une formation pour laquelle à Londres (et avec University of Cumbria seulement), il n'y a même pas de locaux sur place pour accueillir les étudiants !!!

Je suis resté à Londres ou je fais un petit boulot en attendant une vraie expérience enrichissante.

Une vraie déception; et une vraie arnaque !